Antenne Réunion
Au coeur des montagnes, dans l’un des trois cirques de notre île, à Cilaos se niche une caserne de sapeurs pompiers. Des hommes, des femmes courageux et dévoués à leur métier travaillent ici. Leur mission : venir en aide à la population. Parmi eux : Ingrid Fontaine, 32 ans, arrivée au sein de la caserne en mars 2025 en tant que caporal sapeur-pompier. Rencontre avec une femme, dévouée à son métier.
Appliquée, rigoureuse et précise dans ses gestes, Ingrid Fontaine a réalisé son rêve : devenir sapeur-pompier. C’est au collège que germe cette idée pour la Cilaosienne.
"J’ai ma sœur qui est pompier volontaire depuis plus de 15 ans maintenant ; c’était mon exemple et elle m’a aidé à passer le concours en 2021. Quand j’étais au collège, j’ai essayé de passer le concours de jeune sapeur-pompier que je ne l’ai pas eu. En 2021, l’occasion est venue à moi, comme il y avait ce concours".
Cette phase d’admission réussie, elle suit en décembre 2024 une formation pour exercer le métier. Trois mois plus tard, en mars, elle devient officiellement caporal sapeur-pompier.
Femme, homme, aucune différence n’est faite au sein de la caserne. Les mêmes missions peuvent être accomplies par l’un ou par l’autre. Ingrid fait partie des trois femmes sapeurs-pompiers professionnelles de Cilaos. Dans les rangs, 4 autres femmes volontaires et chez les hommes 14 professionnels, 25 volontaires.
Les jours passent mais ne se ressemblent pas. Les soldats du feu effectuent la relève de la garde à 7h, puis place à la vérification du matériel dans les véhicules, le café, le sport, les manœuvres, le repas en caserne (comme un bon carry poulet, du riz avec gros pois et rougail tomate). Puis c’est le moment de prendre le repas. Quand il n’y a pas d’intervention, ils effectuent une deuxième manœuvre. Et enfin c’est quartier libre et éventuellement rester tous ensemble. A tout moment, ils peuvent intervenir sur le terrain.
Si pour le moment Ingrid Fontaine dit tout aimer dans le métier, le plus compliqué à Cilaos "c’est d’intervenir sur quelqu’un qu’on connaît. C’est une pression en plus".
Sa profession représente beaucoup pour cette Cilaosienne : "c’est venir en aide à la population et mettre en avant mes qualités comme l’altruisme, l’empathie...".
"Servir, protéger et aider, rester à l’écoute de la population et les aider du mieux qu’on peut" voilà ce que c’est aussi pour elle d’être sapeur-pompier.
Elle nous raconte également une anecdote sur une de ses interventions qui l’a confortée dans son choix. "Les interventions avec un enfant c’est le plus difficile en tant que maman déjà et ça permet de réaliser que je voulais vraiment faire ça quand j’ai vu la confiance que j’ai créée avec lui et le revoir en bonne santé ça fait chaud au coeur, ça permet de réaliser pourquoi on fait le métier."
Mère de famille, c’est aussi toute une organisation. "Les gardes c’est deux fois par semaine, ma famille s’est habituée que je ne dorme pas à la maison,après j’ai tout le temps à côté pour passer du temps avec elle."
Pour elle avoir le grade de caporal et les responsabilités c’est "une pression mais cela permet de prendre confiance en moi, on a quand même de bons chefs sur les interventions. La responsabilité on la prend en équipe. Quand j’interviens, les responsabilités que j’ai, les autres peuvent l’avoir".
Parmi les missions récurrentes auxquelles elle est confrontée, on retrouve les interventions auprès des personnes âgées ou encore les accidents sur la route de Cilaos . Si elle est sapeur-pompier depuis peu, il y a bien une mission qu’elle souhaite vivre : l’accouchement "avec beaucoup d’appréhension". "Je trouve que c’est une expérience, mais pour moi c’est important car, une femme, a besoin d’une femme dans le métier pour l’aider".
Le métier de sapeur-pompier reste également intense. Entre vie personnelle et vie professionnelle, Ingrid a pu trouver un certain équilibre. "Il y a deux jours de garde par semaine, ma fille s’est habituée au fait que je ne dors pas à la maison. Après j’ai tout le temps à côté pour passer du temps avec elle. Elle est très heureuse de dire que sa maman est pompier. Cela a été très compliqué pour elle pendant les 3 mois de formation, mais elle est très heureuse et fière aujourd’hui".
Pour les jours de garde, les sapeurs-pompiers se reposent dans un dortoir. Ne parlez pas de sommeil profond, ils doivent être prêts à aller sur le terrain.
Exercer en tant que sapeur-pompier dans le cirque de Cilaos reste également particulier. Entouré de montagnes, éloigné de la grande ville, accessible par une seule et unique route. Mais cela était évident pour Ingrid d’être là. "En tant que Ingrid avant d’être pompier, je suis amoureuse de Cilaos, j’aime beaucoup la montagne, je fais beaucoup de trail je ne partirai pas. Après, s’il faut travailler ailleurs je suis prête à faire mes gardes, mais je conserverai ma maison ici car c’est quand même une partie de moi qui vit là. J’ai la chance de pouvoir faire des interventions en toute sérénité avec confiance, la confiance qu’ils ont en moi, c’est la même que j’ai en eux".
Pour elle, Cilaos c’est "le paradis". Affectée jusqu’en décembre à cette caserne, elle aura ensuite l’avis de son chef de centre et de la direction pour voir si elle peut rester travailler dans le cirque ou non.
Pour Ingrid Fontaine, ce qu’elle aime dans le métier c’est l’esprit d’équipe. "Comme on dit souvent chez les pompiers, on a des collègues mais des collègues qui deviennent une famille. On a quand même beaucoup de temps passé ensemble, on se sent protégé aussi".
Jean-Philippe Crodier, chef de centre de la caserne de Cilaos, souligne aussi la nécessité d’avoir des femmes parmi les sapeurs-pompiers. "On a des interventions assez délicates et des fois on se retrouve avec des femmes lé un peu aigri sur zot qualité en tant que femme et les pompiers qui viennent et quand il y a une femme qui est là, ça passe mieux donc on a besoin des deux. Il faut des femmes, il faut des hommes, pas de traitement de faveur. Elle est bien à sa place. Espérons qu’elle va rester là".
Ingrid c’est quelqu’un "de très ambitieuse", ajoute-t-il. "C’est une qui veut sortir du lot, elle veut avancer, connaître tout, elle veut créer sa carrière et moi j’aime bien ce genre de pompier là, car ils en veulent et le fait de vouloir avancer ça permet d’être professionnel. Elle va vouloir constamment apprendre et connaître pour avancer. "
Dans cette caserne, c’est la bienveillance qui règne. Ingrid souhaite passer prochainement son permis poids lourd pour conduire des véhicules d’interventions que sont les véhicules de secours routier ou encore les véhicules de lutte contre les incendies en forêt.
C’est après une journée d’immersion au sein de la caserne que s’est achevée cette rencontre avec Ingrid Fontaine et son équipe, ou plutôt la famille de sapeurs-pompiers.
Merci à la caserne de Cilaos, au SDIS 974 de nous avoir accueilli.