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La criminalité s’intensifie dans plusieurs territoires d’outre-mer. Meurtres, armes, trafics : les chiffres s’emballent.
Pour combattre ce fléau, les autorités judiciaires ont tenu une réunion stratégique le 26 juin 2025 à Fort-de-France.
Depuis janvier 2025, les trois territoires comptent déjà 61 homicides selon les informations relayées par La1èrefranceinfo. La Guadeloupe affiche à elle seule 28 meurtres à la mi-juin, contre 33 pour toute l’année 2024. Les tentatives de meurtre grimpent : 202 en 2024, 111 déjà en 2025. Derrière ces statistiques, une réalité préoccupante. La grande majorité des affaires implique des armes à feu. Elles sont souvent utilisées dans des règlements de comptes.
Les armes de poing débarquent à 70 % des États-Unis, avec des routes d’acheminement passant par les Caraïbes anglophones. Elles transitent via les îles voisines. Une seconde filière suit la route de la cocaïne via le Venezuela, pour atteindre Sainte-Lucie, Saint-Vincent ou la Dominique.
La Guadeloupe est le territoire ultramarin le plus affecté par cette montée de violence. Ces chiffres illustrent la gravité de la situation aux Antilles-Guyane.
Ce contexte de guerre de territoires entre réseaux structurés impose une réponse judiciaire à la hauteur.
Le 26 juin 2025, les magistrats de cette zone se sont concertés avec les chefs de cour et les autorités judiciaires. Cette réunion a permis la signature d’un protocole de coordination inédit entre la JIRS de Fort-de-France, le parquet de Paris (via la JUNALCO) et le nouveau PNACO, Parquet National Anticriminalité Organisée.
Créé par la loi du 13 juin 2025, ce nouveau parquet entrera en fonction en janvier 2026, depuis Paris. Il épaulera les juridictions locales sur les affaires sensibles. La JIRS de Fort-de-France, seule juridiction interrégionale spécialisée en Outre-mer, occupe une place stratégique dans ce dispositif. Elle jouera un rôle clé et se chargera de la gestion des affaires de criminalité organisée les plus complexes.
La lutte ne se limite plus aux interpellations. Elle s’attaque maintenant au démentèlement de l’ensemble du système criminel. Cela inclut : localiser les filières, neutraliser les flux financiers et confisquer les biens. En 2024, plus de 15 millions d’euros ont été saisis dans la région. Cela comprend liquidités, comptes bancaires, assurances-vie, cryptomonnaies et immobilier.
En Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, des magistrats spécialisés suivent désormais la traçabilité de l’argent dans chaque territoire. Il s’agit de couper les revenus du crime. La justice veut fragiliser durablement les structures criminelles. En réduisant leurs ressources, la justice entend affaiblir l’emprise des trafiquants sur la société.